ELISABETH GETS HER WAY

ELISABETH GETS HER WAY est un solo de Jan Martens, qu’il chorégraphie et interprète, et consiste en un portrait dansé de la musicienne polonaise Élisabeth Chojnacka (1939-2017) dont le talent et la passion exceptionnels ont contribué à la reviviscence du clavecin dans la seconde moitié du XXe siècle.

Alors que la révolte estudiantine de mai 68 remettait en question les idéaux anciens, Élisabeth Chojnacka découvrait la musique de compositeurs avant-gardistes comme François-Bernard Mâche et commençait à interpréter de manière régulière les rares œuvres contemporaines pour clavecin parallèlement aux compositions séculaires qu’elle a toujours gardées à son répertoire. Grâce à son talent et à sa persévérance, plusieurs grands compositeurs (Ligeti, Xenakis, Ferrari, Berio, Halffter, etc.) ont écrit, dans un esprit contemporain, de nouvelles œuvres pour clavecin au cours des années 70 et 80. Bon nombre d’entre elles étaient dédiées à Élisabeth Chojnacka.

ELISABETH GETS HER WAY souhaite rendre hommage à cette femme exceptionnelle. Le solo est un portrait dansé accompagné d’une bande sonore assez étendue et composée d’une sélection musicale des enregistrements qu’elle a réalisés au cours de ses cinquante ans de carrière. Des œuvres de Nyman à Ligeti en passant par Montague, toutes interprétées par Élisabeth Chojnacka. Malgré l’extrême complexité de certaines de ces compositions, Jan Martens a néanmoins l’ambition de danser en restant aussi proche que possible des partitions et de jouer de son corps dans le même esprit que Élisabeth Chojnacka jouait du clavecin. Il convoque différents styles de mouvements tout comme elle slalomait avec aisance entre différents registres et genres avec dans les doigts quelques siècles d’histoire de la musique. Les parties dansantes dans le solo sont complétées par une strate documentaire qui évoque de manière auditive la vie et l’œuvre de Élisabeth Chojnacka, entre autres, par le biais d’interviews avec des personnes qui étaient proches d’elle.

Jan Martens a découvert l’œuvre de Élisabeth Chojnacka lors de la phase de recherche du spectacle any attempt will end in crushed bodies and shattered bones, une production pour 17 danseurs dont la première a eu lieu en juillet 2021 (au Festival d’Avignon). L’approche du clavecin de Élisabeth Chojnacka, qui tendait parfois davantage à celle d’un instrument à percussion, et sa maîtrise magistrale du rythme ont beaucoup inspiré Jan Martens. En sa qualité de danseur et de chorégraphe, il part souvent en quête de la complexité quasi mathématique des rythmes plutôt que de la mélodie. Le rythme offre de l’espace à la répétition, au minimalisme, à la transe. En 2021, cela faisait exactement cinquante ans que Élisabeth Chojnacka a sorti son premier disque : Clavecin 2000. Un moment idéal pour rendre hommage à cette femme remarquable avec un solo qui lui consacre le temps et l’espace qui lui revient.