GHOSTBUSTERS

GHOSTBUSTERS est une performance qui explore notre relation spectrale à la mémoire, au temps et à la réalité. Conçue avec cinq interprètes physiques, musicaux et/ou vocaux, la pièce est inspirée par la notion d’hantologie (imaginée par le philosophe Jacques Derrida et développée ensuite par le critique musical Mark Fisher), qui décrit entre autres l’accumulation de traces fantomatiques du passé à mesure que nous avançons dans le futur.
Steven souhaite ainsi traduire chorégraphiquement et musicalement l’idée de survivance et d’effacement, d’incarnation et de disparition, de retard et d’anticipation.

Hanter, c’est quelque part survivre, et c’est aussi revenir. D’où mon envie de travailler sur les enregistrements vocaux, les samples sonores, les boucles visuelles et l’itération dans le mouvement.
Questionner l’idée du fantôme. Pas dans son aspect figuratif, mais dans son emploi métaphorique. Un fantôme peut être une trace, quelque chose de perçu, une sensation de malaise. Pas forcément visible, mais une présence, une atmosphère. Un souvenir qui persiste, un mantra qui résiste.

Qu’est-ce que ces fantômes disent de nous ? De nos esprits ? De nos croyances ? De nos peurs ? De nos rituels ?
Forme hybride qui allie session d’enregistrement, manie dansante et mantra vocal, la performance GHOSTBUSTERS est un fantôme en soi. Il cherche à prendre forme dans les corps et les voix des interprètes, dans l’espace théâtral et dans la mémoire vécue ou non vécue du public. Il cherche des hôtes afin de s’exprimer.

Notre moment ‘présent’ est constamment amusé, troublé, raillé et terrorisé par les souvenirs, les impressions et les sentiments d’événements passés. Notre moment ‘présent’ est également altéré, assailli, préoccupé, déformé, affecté par des événements ou des moments à venir. Nous projetons le présent dans le passé et hallucinons le futur tout en croyant regarder le présent. Nous ne sommes jamais là où nous sommes apparemment.

Baigné.e.s dans des systèmes de croyance, nous sommes amené.e.s à nous interroger sur notre propre expérience de la mémoire, du temps et de la réalité, hors de toute construction sociale. Comment maintenir son intériorité et sa subjectivité comme force de transformation quand tout nous pousse à obéir à des systèmes de croyance qui normalisent les corps et les psychés ? La réalité est-elle un processus d’hallucination contrôlée ? Que sommes-nous amené·es à nous souvenir ? La mémoire n’est-elle pas une sorte de hantise, une image fantomatique d'une expérience à-demi remémorée qui persiste à l'intérieur du corps et de l’esprit ?

GHOSTBUSTERS appelle à une transformation vis-à-vis d’une condition au pied du mur, au bord du gouffre, d’une situation limite. La réversibilité est-elle une démarche réactionnaire, conservatrice, ou une déclaration politique qui suscite de nouveaux scénarios possibles, des fictions spéculatives sur ce que l’avenir pourrait être, sur la nécessité de pouvoir imaginer et rêver encore un avenir possible ?